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Bras-sur-Meuse
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    30/07/2020
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    La commune de Bras-sur-Meuse appartientau canton de Belleville-sur-Meuse...
Au temps des péniches

Interviewé en 1997, M. Prot, fils d’éclusier et ancien brasilien ayant travaillé 38 ans à la Navigation nous livrait ses souvenirs :

De Verdun à Bras, il y a 2 kilomètres de rivière puis 6 de canal. Le barragiste de Belleville maintient le bief en amont de Bras à un niveau stable et veille à ce que la ville ne soit pas inondée. En cas de crue, il enlève une partie des 1100 aiguilles qui constituent le barrage. Pour faire descendre le niveau du bief, il ferme «les portes de garde» et enlève des poutrelles au siphon qui se trouve 5 ou 600 mètres au delà, rive gauche. L’éclusier de Bras, lui, a la charge des 3 biefs en aval sur les 15 kilomètres suivants, jusque Brabant où le canal rejoint la Meuse. Tous les soirs, il lève une demi-vanne pour les alimenter. S’il oubliait, le niveau descendrait de 50 centimètres dans la nuit. 2 mètres 20 de profondeur sont nécessaires pour que chargé, un bateau ayant un enfoncement de 1 mètre 80 ne touche pas le fond.

Et M. Prot de se rappeler : «Quand je suis arrivé à  Bras en 1938 (mon père tenait l’écluse),on ne faisait pas de moyenne, mais il passait bien 25 à 30 bateaux par jour, tous des péniches. A cette époque, on en rencontrait de différentes sortes : les tractées et «les moteurs», indépendantes. Les tracteurs tiraient deux bateaux. De petite taille, ils naviguaient sur les chemins de halage étroits avec 4 roues motrices et directrices.

Pendant la guerre, on a vu des remorqueurs attelés à 4 péniches, parfois 5. Ils abîmaient les digues à cause des remous et au passage de l’écluse tiraient les bateaux un par un : on effectuait à chaque fois une fausse bassinée. Les péniches halées par deux chevaux utilisaient une traction à balancier pour que les bêtes tirent chacune leur tour en alternance. En général, elles parcouraient de petits trajets comme charger du sable de Moselle à Toul et le livrer sur des chantiers vers Charleville. Selon les escales, les chevaux remontaient la nuit sur le bateau ou logeaient avec leur palefrenier dans les fermes des villages, pour repartir le lendemain. Les hommes s’arrangeaient pour aller manger ou dormir aux mêmes endroits et se retrouver. Les chauffeurs des tracteurs aussi. C’est une vie disparue maintenant. Les péniches, des 38 mètres, transportaient un peu de tout. Il n’y avait qu’une seule denrée par chargement.

«Quand je suis rentré au canal en 1941, expliquait-il, j’ai appris le métier avec les vieux qui étaient là. Le travail se faisait à la main, sans machine, et on ne chômait pas. J’appartenais à l’équipe d’entretien. Sur une portion donnée de canal, on coupait les épines, réparait une fuite ou un trou, curait les fossés et maintenait les chemins de halage en bon état. Mais il m’arrivait de remplacer un homme en repos à l’écluse ou au barrage. En plus du passage des bateaux, l’éclusier devait effectuer l’entretien de la plate-forme et avait la responsabilité du niveau d’eau dans les biefs, comme aujourd’hui.»

Après la guerre, avec le plan Marshall, on a eu le pool charbon-acier. La péniche s’approvisionnait en charbon à Anvers puis l’amenait dans les usines du côté d’Hagondange. Elle repartait avec de l’acier. On en comptait jusqu’à  40 par jour. Vous mettiez la manivelle à 6 heures 30 le matin et vous ne la lâchiez que le soir à 19 heures 30. A partir d’une moyenne de 19 bateaux et demi par jour, les éclusiers avaient un barème pour toucher des heures supplémentaires.

Maintenant, il n’en passe presque plus ; il n’y a plus rien à charger,à part peut-être à la coopérative agricole, et plus besoin de charbon pour alimenter les fours à chaux de Montgrignon, Billemont ou Dugny. Les péniches transitent sans s’arrêter de Belgique et de Hollande vers Metz et Nancy, Strasbourg, Lyon, Villefranche-sur-Saône. Les mariniers prennent leur bateau en tour par l’intermédiaire d’une bourse d’affrètement et payent à la tonne kilométrique. Les plaisanciers ne rapportent pas autant à l’Administration. Ils acquittent une vignette, proportionnelle à la surface du bateau et à la durée de navigation choisie.»

Bras-sur-Meuse
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